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Bagdad:  T�moignage d'un m�decin belge

 
www.globalresearch.ca   le 9 april 2003

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Journal de Bagdad, 8 avril - Le Dr Van Moorter soigne un cameraman britannique bless�... Alors que les Am�ricains laissent crever les bless�s irakiens�

Le Dr Geert Van Moorter par t�l�phone satellite

Bert De Belder 08-04-2003


Ce matin, un char am�ricain a ouvert le feu sur l�h�tel Palestine, o� s�journe toute la presse �trang�re qui n�est pas �incorpor�e� aux troupes des agresseurs am�ricano-britanniques. Par hasard, le Dr Geert Van Moorter se trouvait pr�cis�ment au 15e �tage de l�h�tel (le Medical Team de M�decine pour le Tiers Monde loge � l�h�tel Sheraton, � proximit�).

Geert. �Je ne me suis pas rendu compte tout de suite qu�un projectile avait �t� tir� � l�int�rieur m�me du b�timent, � peine trois �tages plus bas. Alors, je suis descendu. Comme m�decin des urgences, je suis habitu� � garder mon calme dans les situations critiques et � calmer les autres aussi, et c�est ce j�ai fait cette fois encore. Ainsi, j�ai accompagn� jusqu�au rez-de-chauss�e une femme qui flippait compl�tement, en total �tat de choc. Et c�est alors qu�on est venu me dire qu�il y avait des bless�s.

Un type de Reuters s�est amen� avec toute une trousse de secours pleine de m�dicaments. Je l�ai tout de suite accompagn� aupr�s du premier bless�, un cameraman britannique, qui s�appelle Paul Pascual. J�ai aid� � le transporter jusqu�� une voiture qui attendait et j�ai proc�d� � un premier examen m�dical rapide. J�ai vu tout de suite que son �tat n��tait pas trop grave, et j�ai voulu attendre au cas o� il y aurait eu d��ventuels bless�s plus gravement atteints, mais le chauffeur �tait tellement nerveux qu�il s�est mis � foncer vers l�h�pital le plus proche. Le trajet n�a pas �t� sans risques, car les bombardements se poursuivaient, pendant ce temps.

Nous sommes rapidement arriv�s au Saddam Center for Plastic Surgery (Centre S. de chirurgie plastique). Comme nombre d�h�pitaux hautement sp�cialis�s, celui-ci, toutefois, avait �t� �quip� depuis des mois en vue d�accueillir des victimes de la guerre � venir.

Pendant six heures, j�ai travaill� au service des urgences, en compagnie des m�decins irakiens de faction, les docteurs Mehdi Abudi et Walid Al-Dun. De la sorte, j�ai pu observer la situation de l�int�rieur m�me d�un h�pital. Il manquait un certain m�dicament, n�cessaire pour une bonne anesth�sie g�n�rale, ainsi que le fin fil de suture avec lequel le chirurgien devait ligaturer un tendon au pied de notre patient.

Au beau milieu des op�rations, le courant a �t� brusquement coup�, ce qui a tout de suite provoqu� l�arr�t de tous les appareils de monitoring qui surveillent l��tat des patients. Avec une seule lampe et un simple respirateur, nous avons d� poursuivre notre besogne�

Il y a aussi un manque de personnel hospitalier, pour une raison toute simple: en raison de la guerre, bien des travailleurs m�dicaux ne parviennent plus � rallier l�h�pital, ou ils ont des morts et des bless�s dans leur famille, ou ils veulent d�abord mettre leur famille en lieu s�r. J�ai vu le technicien en radiologie nettoyer le sang sur le sol et un volontaire du quartier faire du travail d�infirmerie. Quelques h�pitaux ont d�j� d� �tre �vacu�s compl�tement parce qu�ils se trouvent en zone dangereuse. La guerre d�agression am�ricaine viole non seulement le droit � l�existence, mais �galement le droit aux soins de sant�.�

�Ce qui m�a le plus impressionn�, c�est l�histoire de l�anesth�siste. L�homme n�avait plus vu sa femme et ses trois petits gosses depuis des jours entiers. Ils habitent sur la route de Hilla, dans le sud. Hier, le docteur est parti dans cette direction avec l�ambulance. Chemin faisant, il a rencontr� des tas de cadavres sur le bas-c�t� de la route, ainsi que des bless�s. Les troupes am�ricaines, press�es, les avaient laiss�s l�! Encore une violation am�ricaine du droit international! Et puis, CNN vient nous montrer des images de GI qui serrent la pince � tout le monde et distribuent du chocolat! Par bonheur, l�anesth�siste a r�ussi � emmener quatre bless�s dans son ambulance et � les transporter en lieu s�r � l�h�pital, afin qu�on les soigne.�


Commentaire de Michel Collon

A partir de combien de fois une �bavure� devient-elle une �non-bavure� ?

C�est mon ami le docteur Geert Van Moorter que je viens de voir au JT. Accompagnant dans l�ambulance un cameraman victime de la nouvelle �bavure� de l�arm�e US. J��tais avec lui, un an plus t�t, dans cet h�tel Palestine de Bagdad. Aucune cible militaire dans les environs, et c�est justement pourquoi les journalistes s�y �taient r�fugi�s. La th�orie de la �bavure� est absurde.

Bavure : m�fait accidentel, exceptionnel, selon les dictionnaires. Mais � chaque guerre l�arm�e US tire sur des journalistes! En 1999, l�Otan bombarde la TV de Belgrade. 14 tu�s. L�Otan devient le plus grand assassin de journalistes de l�ann�e 1999. Gu�re de protestations � l�Ouest. �Bavure�. En 2001, l�arm�e US bombarde le si�ge de Kaboul d�Al Jazeera, qui montrait un peu trop les massacres de la �guerre propre�. Gu�re de protestations. �Bavure�. En 2003, l�arm�e US attaque des journalistes. Au moment o� elle pr�pare la �Busherie� de Bagdad, certains t�moins pourraient s�av�rer g�nants. �Bavure�?

A chaque guerre, les Etats-Unis - qui parlent sans cesse de libert� de la presse - assassinent des journalistes. Il y a quelques jours, ses patrons ont licenci� le c�l�bre Peter Arnett qui avait couvert la guerre de 91. Je l�avais justement rencontr� et interview� dans ce m�me h�tel Palestine. Il m�avait dit : lae Confirm�. La presse, ils ne les aiment qu�en troupeaux bien encadr�s. Lorsque des envoy�s sp�ciaux risquent de montrer le vrai visage de la guerre, les �bavures� frappent.


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