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  Bagdad: Nous ne pouvons plus compter les civils morts et bless�s

 
www.globalresearch.ca   le 11 avril 2003

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�Nous n�allons s�rement pas nous laisser faire par ces salauds de GI, ho!�

Le Dr Geert Van Moorter par t�l�phone satellite

Bert De Belder
   
Journal de Bagdad, 9 avril, 18.10 h 


�Aujourd�hui, (le Dr) Harrie (Dewitte) et moi-m�me avons �t� les t�moins directs des saloperies perp�tr�es par les pr�tendues "troupes de lib�ration". Ce matin, nous nous sommes rendus au Saddam Center for Plastic Surgery, afin de remettre les m�dicaments et le mat�riel chirurgical amen�s de Belgique et afin de prendre des nouvelles du cameraman britannique bless� que j�avais soign� hier. De toute la journ�e, nous ne sommes plus sortis de l�h�pital. D�une part, nous �tions bloqu�s, car l�h�pital se trouvait en pleine ligne de feu. Par ailleurs, on amenait tellement de bless�s graves que nous en avions en permanence plein les bras. Nous avons certainement vu amener 35 � 40 bless�s graves, ainsi qu�une demi-douzaine de morts, tous des civils. Mais ni les services de sant� Irakiens ni nous-m�mes n��tions encore en mesure de les compter avec pr�cision.�

�Les troupes am�ricaines ont m�me cribl� de balles l�ambulance de l�h�pital! J�ai vu cette ambulance s�amener, avec sa carrosserie toute bossel�e et les vitres �clat�es. Il m�a fallu un bout de temps avant de me rendre compte que c��tait effectivement l�ambulance de "notre" h�pital qui, un peu plus t�t, venait d�emporter trois bless�s. Les portes de la voiture avaient �t� coinc�es, le chauffeur �tait gravement bless� au volant, son assistant, � c�t� de lui, �tait �galement tout en sang. Un miracle que le chauffeur ait encore pu ramener le v�hicule avec les trois bless�s graves. Les patients �taient litt�ralement en train d�agoniser, l�un d�entre eux avait m�me ramass� une balle de plus dans la cage thoracique, je voyais le sang s��couler de la plaie b�ante de son poumon �

�Il s'agissait certainement de balles am�ricaines qui ont litt�ralement cribl� l'ambulance. Apr�s l'incident, j'ai d�cid� d'aller � la rencontre des Am�ricains pour leur mettre le nez sur ce qu'ils avaient fait. Pour la seconde ambulance, je n'ai plus trouv� de chauffeur. Je me suis donc rendu dans leur direction avec une �quipe de Reuters. A 300 m�tres du char am�ricain en question, je suis descendu, avec un drapeau blanc, les mains en l'air, et en criant �I am a medical doctor!� (Je suis m�decin). Arriv� � proximit�, j'ai gueul� � l'adresse des GI: �Vous savez ce que vous venez de faire? Vous avez mitraill� une ambulance!�. Cette ambulance, d'ailleurs, �tait on ne peut plus reconnaissable, avec son grand drapeau orn� du Croissant Rouge. Un soldat am�ricain a r�pondu: �Cette ambulance aurait tout aussi bien pu �tre bourr�e d'explosifs.� En r�alit�, il s'y trouvait trois bless�s et deux ambulanciers, et les cinq sont gravement bless�s, � l'heure qu'il est? Le mitraillage d'une ambulance, c'est la �ni�me violation grave du droit humanitaire international que les troupes d'invasion am�ricaines en Irak ont s�r la conscience.�

�A l�h�pital, c��tait l�enfer. Nous ne disposions plus d�oxyg�ne ni de mat�riel d�intubation. Les m�decins �taient abattus, nombre d�entre eux pleuraient de voir comment leurs coll�gues ambulanciers avaient �t� mitraill�s de sang-froid... Une demi-heure plus tard, un bus s�est pr�sent� devant l�h�pital, cribl� lui aussi de balles am�ricaines. Plusieurs bless�s, des cris, des bousculades, un vrai chaos? Quelques autos suivaient encore, parfois charg�es de personnes en train d�agoniser, il y avait du sang partout, quel drame atroce ! Et c�est �a qu�ils osent appeler la "lib�ration" de Bagdad !�

Le Medical Team de M�decine pour le Tiers Monde se trouve maintenant en s�curit� � l�h�tel Sheraton. �Les �lib�rateurs� (et c�est dit avec cynisme) passent justement�, fait remarquer Geert durant l�entretien t�l�phonique. �Colette, en faisant semblant de rien, furtivement, donne un coup de pied � l�un, � l�autre une bourrade. Nous n�allons pas nous laisser faire par ces GI, ho ! hein?! Je me suis d�j� balad� jusqu�� l�un de leurs chars, les mains profond�ment enfonc�es dans les poches de ma blouse blanche de m�decin, les poings serr�s de col�re. Aujourd�hui, nous avons vu de pr�s, tr�s concr�tement et tout aussi cr�ment, � quel point cette pr�tendue "lib�ration" s�est mu�e en grand bain de sang, avec des dizaines de victimes civiles.�


 Copyright Bert de Belder  2003.  For fair use only/ pour usage �quitable seulement .


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