Centre de recherche sur la mondialisation

 Nouvelles interrogations sur le rôle de Washington au Venezuela

par Marie Delcas

Le Monde, le 24 avril 2002
Centre de recherche sur la mondialisation (CRM),  globalresearch.ca , le  25 avril 2002

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Malgré des démentis formels, l'éventuelle contribution de Washington au coup d'Etat manqué contre Hugo Chavez continue de susciter des interrogations. Selon l'édition latino-américaine de l'hebdomadaire américain Newsweek, en date du 29 avril, la commission des affaires étrangères du Sénat des Etats-Unis, présidée par le démocrate Joseph Biden, a l'intention de demander la "déclassification" des documents confidentiels détaillant les contacts entre des responsables américains et des officiers putschistes ou des personnalités impliquées dans la tentative de renversement du 11 avril. "Cette enquête pourrait devenir le premier scandale de politique étrangère de l'administration Bush", écrit Newsweek, affirmant que les leaders du coup avaient "des liens importants avec l'establishment politique et économique américain". Ainsi Newsweek place-t-il "au cœur du cafouillage" le propriétaire de la chaîne de télévision Venevision, Gustavo Cisneros, l'une des plus grosses fortunes du co! ntinent, qui se trouve être "un compagnon de pêche de l'ancien président George Bush".

A Caracas, la prudence est cependant de mise. Le gouvernement d'Hugo Chavez joue la conciliation sur tous les fronts et ne souhaite visiblement pas envenimer encore ses relations avec Washington. "Le gouvernement vénézuélien ne dispose d'autres informations que celles données par la presse. Nous n'accusons ni n'enquêtons sur aucun gouvernement étranger", nous a affirmé mardi par téléphone Rafael Vargas, ministre du secrétariat de la présidence. Quant aux médias vénézuéliens, dont M. Chavez a dénoncé la responsabilité dans le putsch, ils restent relativement discrets sur l'affaire. "Je crois que certains secteurs du gouvernement américain, trompés et sans autorisation officielle, certaines personnes du département d'Etat ont participé au coup d'Etat, mais je ne crois pas que le gouvernement américain soit l'ennemi du Venezuela", a préféré nuancer l'un des députés chavistes les plus connus du pays, Juan Barreto.

REGISTRE SIGNÉ

A en croire Washington, les contacts entretenus depuis plusieurs mois avec certains protagonistes du coup d'Etat - et révélés la semaine dernière - auraient été pour les Américains l'occasion de manifester leur opposition à un éventuel putsch. Interrogé par Newsweek, Otto Reich, l'adjoint au secrétaire d'Etat pour les Amériques, a reconnu avoir appelé "à deux ou trois reprises" M. Cisneros au cours du coup d'Etat, à la seule fin "d'obtenir des informations". M. Cisneros ne se souvient de son côté que d'un appel.

La présence de deux militaires américains à Fort Tiuna - le siège de l'état-major vénézuélien où s'est joué le renversement de M. Chavez - dans la soirée du 11 avril ne fait plus de doute. Elle a été révélée lundi par l'AFP, qui, citant une source officielle du palais présidentiel, affirmait que le colonel Mac Cammon, représentant de l'armée de terre américaine au Venezuela, et son adjoint, le lieutenant colonel James Rodgers, avaient accompagné les putschistes jusqu'au bout. Mais, mardi, le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, a démenti toute participation directe : "Nous avons vérifié. Les Etats Unis n'avaient personne de présent dans la crise. Il y avait deux officiers dans une voiture qui était dans la zone, mais ils ne sont jamais sortis de leur véhicule. Ils étaient juste là pour voir ce qui se passait." Une journaliste vénézuélienne affirme avoir constaté que ces deux militaires ont signé ce jour-là "le registre d'entrée au cinquième étage - le plus di! fficile d'accès - du bâtiment central de Fort Tiuna".

Il faut toutefois savoir que les militaires américains disposent - depuis 1951 - de locaux permanent dans la base militaire de Fort Tiuna, qui fut jusqu'à une date récente le siège du ministère de la défense. Comme, en vertu d'accords de coopération militaire, dans nombre de pays latino-américains. En août, le ministre de la défense, José Vicente Rangel, avait manifesté son intention de mettre fin à ce privilège. La vive réaction des Américains - considérant que les bureaux de la mission militaire a Fort Tiuna faisaient "partie intégrale" de leur ambassade - avait poussé le ministre d'Hugo Chavez à préciser que des considérations "strictement immobilières" étaient à l'origine de la décision, qui ne fut d'ailleurs jamais appliquée...


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