Centre for Research on Globalisation
Centre de recherche sur la mondialisation

 www.globalresearch.ca                                                                                                                                                                   

LE SPECTRE DE LA FAIM ET LES PILLAGES DE SUPERMARCH�S

par  Federacion Anarquista Uruguaya (FAU)

Federacion Anarquista Uruguaya (FAU),  le 7  ao�t  2002.
Centre de recherche sur la mondialisation  (CRM),  globalresearch.ca , le 14  ao�t  2002

Global Outlook ,  No 2   9-11: Foreknowledge or Deception? Stop the Nuclear Threat. .

Commandez par t�l�phone (sans frais) 1-888-713-8500. 


La politique du gouvernement d'Uruguay ne fait pas exception. Il adh�re enti�rement aux buts du n�olib�ralisme, qui s'�tendaient par une grande partie du monde. Durant plus de deux d�cennies, il a suivi les indications provenant des institutions internationales comme le FMI, la banque mondiale, l'OMC, la Banque de D�veloppement Interam�ricaine. Comme on le sait, le plan g�n�ral de cette politique est esquiss� dans les principaux centres de puissance comme le G7 (ou G7+1). Ils ont renflou�es les banques en faillite. L'Etat les a sauv�es et plus tard, ils ont �t� liquid�es de nouveau par les capitalistes transnationaux qui les avaient rachet�es. La m�me chose est arriv�e il y a ann�es, par exemple, avec Banco Comercial. Et, plus r�cemment, l'histoire s'est r�p�t�e. La corruption �tait visible pour le public. Un ex-ministre de l'�conomie a �t� envoy� en prison : pendant une courte p�riode, bien s�r, et dans le plus grand confort. Des personnes proches du gouvernement ont �t� mises en examen, y compris l'ex-pr�sident Lacalle, qui fut s�rieusement inqui�t�, mais qui parvient � s'arranger pour rester en libert�. D'autres, li�s au parti Colorado comme Ganduglia sont partis avec plusieurs millions de dollars dans une impunit� totale.

Dans ce contexte, le gouvernement de Jorge Batlle a acc�l�r� la politique n�oliberale, avec des privatisations plus fr�quentes et plus rapides. L' ALENA a pr�f�r�e au MERCOSUR, lequel est pris au pi�ge des multiples difficult�s et des int�r�ts divergents, et dispose d'un degr� tr�s limit� d'ind�pendance vis-�-vis des desseins imp�rialistes. En m�me temps, les soci�t�s transnationales dominent, jour apr�s jour, plus de secteurs �conomiques et jouissent d'une importance politique croissante.

Le secteur financier a re�u des privil�ges sp�ciaux et des importations ont acquis une diversit� et des dimension qui �taient presque absurdes. La production en g�n�ral, et particuli�rement les PME, ont �t� punies. Seules quelques grandes soci�t�s transnationales ont �chapp� cette situation. Les choses sont devenues si mauvaises que le dimanche 14, la Chambre d'Industrie elle-m�me a retirer sa confiance � la direction �conomique du pays. De plus en plus d'usines et d'entreprises de service ont �t� ferm�es ; la politique sociale se r�duit en miettes ; les budgets de la sant� et de l'�ducation diminuent.

Le ch�mage s'est encore accru, m�mes des petits boulots pr�caires avec des salaires de mis�re sont devenus difficiles de trouver. Des chiffres alarmants ont �t� atteints : la moiti� des Uruguayens sont au ch�mage ou ont des probl�mes avec leurs emploi ; presque le tiers du pays n'a pas d'acc�s � une alimentation de base ; la moiti� des enfants vivent dans la pauvret�. Pour le dire clairement, la mis�re a d�cim� les gens. Les enseignants et les familles ont d�nonc� le fait qu'il y ait des enfants qui survivent sur d' herbe et de plantes, ce qui �tait autrefois donn� aux animaux est aujourd' hui consomm� et repr�sente l'alimentation de milliers de familles. La faim, les conflits, le d�sespoir, la fatigue des discours cyniques et des mensonges a donn� naissance � une nouvelle forme de culture.

ET ENSUITE LES SUPERMARCH�S ONT �T� PILL�S

Tandis que cette mis�re s'est accrue, les banquiers ont re�u des millions et millions de dollars. Une importance extr�me a �t� donn�e au sauvetage du syst�me financier. Et l'argent s'est enfui comme une inondation. Les banquiers ont vol� � � quatre mains �, les r�serves nationales, qui ont baiss�es en quelques mois de 3.100.000 millions � 655 millions de dollars. Il est vrai que le capital �tranger (surtout argentin) s'�tait retir� auparavant, mais apr�s cela, les familles Peirano et Ron ont continu� � retirer des sommes �lev�es.

Les tarifs des services essentiels [l'eau, l'�lectricit�, etc.] ont �t� relev�s, les supermarch�s ont augment� scandaleusement les prix. Une augmentation qui n'�tait pas m�me reli�e � la hausse importante en dollar. Des articles de base ont doubl� leur prix en peu de temps. Les salaires sont rest�s les m�mes et il n'y a d�sormais quasiment plus de petits boulots disponibles. Tout simplement, la faim s'este empar�e des pauvres. De nombreuses familles n'ont rien pour manger, les perspectives pour les jours suivants laissent peu de place pour l'espoir. O� pourrons nous obtenir quelque chose demain ? ? ? C'�tait comme une terre pill�e par en haut, selon les caprices d'un petit groupe de pouvoir politique et �conomique. Et il y avait la r�p�tition. Des slogans qui n'ont dit rien � l'opprim� : � nous devons sauver notre style de vie �, � la chose principale est de pr�server notre d�mocratie �, � le sauvetage du syst�me financier sauve le pays �.

Les polices ont couvert la ville : � pour emp�cher de possibles crimes � selon le Minist�re de l'Int�rieur. Mercredi, environ cinquante personnes ont pill� un supermarch�. Le jour suivant, les habitants de � carenciado � diff�rents du des voisinages � manquants � (un euph�misme courant pour d�crire ceux qui vivent dans la mis�re extr�me) ont pris la rue. Des centaines de personnes ont � pill� � des supermarch� dans diff�rents secteurs. Des enfants, des femmes, des personnes �g�es, des familles enti�res sont entr�es et ont pris ce qu'ils pouvaient : sucre, riz, nouilles, farine, huile, etc. Dans certains endroits, cependant, les d�odorants ont �t� pris �galement et les mass-m�dias ont protest� largement. Il est bien connu que le pauvre n'a pas de droit � l'hygi�ne et que s'ils tombent dans la mis�re, ils ne doivent pas se laver.

Les chiffres de pillages diff�rent, mais montrent qu'environ seize ont �t� couronn� de succ�s et quatorze autres ont �chou�. � Ils sont organis�s! � a cri� le ministre et toutes les mauvaises langues des mass-m�dias le r�percutent en choeur. � Ils ont agi sous la coordination et presque simultan�ment �, ont-ils ajout�. � Ils veulent d�truire notre style de vie �, mettant l'accent sur le fait que c'est � l'anarchie �. � Nous ferons rechercher les puissances se cachant � l'arri�re-plan, les coupables r�els �, ont d�clar� divers politiciens. La majorit� du Frente Amplio a rapidement d�fini les responsabilit�s. Ils ont manifest� leur opposition et n'ont vu aucun avenir dans les �v�nements. Il y avait un �l�ment commun partag� par la coalition du gouvernement et la majorit� de la gauche �lectorale : les gens n'ont pas tout seuls le capacit� pour organiser leur propre d�fense et prendre leurs propres initiatives. La consternation �tait �galement un mot commun � tous.

LES COUPABLES

La premi�re page du journal de droite, � El Observador � du 3 Ao�t dit : � les instigateurs du pillage ont �t� identifi�s �, en ajoutant que le Ministre de l'Int�rieur, Guillermo Stirling, avait dit que les instigateurs avaient g�n� la Police avec de fausses alertes. Les services secrets revendiquent avoir identifi� les partis responsables et examinent plusieurs radios communautaires du quartier [prol�tarien] � Teja et Cera � dirig�es par les groupes de la gauche radicale, pas n�cessairement int�gr�es dans "Encuentro Progresista" (Rencontre Progressiste).

Dans les pages int�rieures, le journal � El Observador � insiste : � les sources officielles ont inform� que plusieurs radios communautaires de El Cerro et Teja font l' objet d'enqu�tes comme vraisemblablement responsables d'avoir incit� au pillage. Un rapport des services secrets a indiqu� qu'une de ces radios, localis�e dans El Cerro, a incit� � piller un centre commercial du voisinage �. Ils pr�parent le terrain pour forcer ces radios, qui sont la voix de soucis de la population � dispara�tre. Cela a �t� un d�sir du gouvernement depuis des ann�es et ils veulent profiter de l'occasion.

Un autre jour, le dimanche 4, le journal pro-gouvernemental, � El-Pais � s' est donn� pour t�che de criminaliser ceux qui avaient une attitude logique de soutien et de participation � ces luttes populaires. Son titre d�clare : � le Ministre de l'Int�rieur [bl�me] 'l'Anarchisme' du pillage... Ceux-ci sont les gens qui veulent d�truire notre style de vie. Ils ont une conception anarchiste, un concept qui dissout la soci�t�... �.

Imm�diatement, des activit�s de surveillance ont �t� not�es et ils ont commenc� � s'attaquer aux radios communautaires. � El-Quijote � a �t� la premi�re, ensuite ils ont essay� la m�me chose avec une autre radio dans le district de Colon, mais il y avait beaucoup de gens qui les ont emp�ch�s de le faire. Maintenant, ils parlent d'une liste qui inclut pas moins de 6 stations de radio, y compris ceux qui sont d�j� ouvertement criminalis�es. La chasse aux sorci�res a commenc�. Les agents du g�nocide, les affameurs de notre peuple, ceux qui ont activement pill� le pays, ceux qui viennent de signer un � accord � avec le FMI qui signifie s'agenouiller et livrer le peu qui nous reste, ceux qui, par leurs affaires, ont assur� la plus mis�re grande pour notre peuple, ce sont eux les innocents.

Comme r�cemment en Argentine, la Bolivie ou le Paraguay (et tant d'autres), notre peule a commenc� � marcher. Ils sont dans un processus de recherche, ils ont d�couvert qu'il y a les choses qui n'ont pas aucun rapport avec leur int�r�ts. Ils ne veulent pas se r�signer � mourir de faim, ni � continuer � �couter le mensonge, ni � observer comment les voleurs-banquiers volent des millions avec la complicit� des autorit�s constitu�es. Ils cherchent des mani�res de s'organiser, ils reformuleront les luttes qui sont dans notre imagination de classe. Ils ne croiront pas en des avant-gardes illumin�es, ils sauront cr�er des voies ad�quates pour am�liorer les conditions actuelles, des structures jamais vues surgiront et ainsi ils poserons la pierre angulaire de formes sociales futures construites sur la justice et la solidarit�. Nous essayerons d'�tre, ou de suivre, de l'int�rieur, cette nouvelle r�alit�.


Copyright �  FAU 2002. Pour usage �quitable seulement


Le URL de cet article est:
http://globalresearch.ca/articles/208A.html

[acceuil]