Centre de recherche sur la mondialisation

 Trois ONG israéliennes dénoncent les violations des droits de l'homme dans les territoires palestiniens

 
Le Monde le 9 avril 2002
Centre de recherche sur la mondialisation (CRM),  globalresearch.ca , le  10 avril 2002

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ILS NE SONT PAS moins patriotes que n'importe quel autre Israélien, expliquent-ils. Et ils estiment qu'il est du devoir de leur pays de respecter ses engagements en matière de respect de la dignité humaine et des droits de l'homme. Trois responsables de trois organisations israéliennes de défense des droits de l'homme ont dénoncé, lundi 8 avril à Paris, le comportement de l'Etat juif dans les territoires palestiniens occupés.

Lors d'une conférence de presse, à l'invitation de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme et d'Amnesty International, Nimrod Amzalak, directeur des activités sur le terrain de B'Tselem, Dalia Kerstein, directrice de Hamoked, et Noam Lubell, directeur de projet de l'organisation Physicians for Human Rights/Israël (PHR-Médecins pour les droits de l'homme) ont dressé l'état des lieux en Palestine depuis le début de l'assaut israélien, le 29 mars.

L'armée israélienne somme tous les hommes dont l'âge varie entre 14-15 ans et 45 ans, parfois 60, de sortir de chez eux et de se diriger vers l'école du village. "Ils sont rassemblés là par milliers avant d'être transférés vers des centres de détention, trop étroits pour accueillir de très grands nombres de personnes. Ils sont laissés en plein air pendant trente-six heures, sans boire ni manger, sans avoir le droit d'aller aux toilettes, sans médicaments et parfois sous la pluie. Des informations font état du recours à la torture, mais nous ne savons pas à quelle échelle celle-ci est pratiquée", si elle est systématique ou non, a déclaré Mme Kerstein.

Certains sont ensuite relâchés en groupes et conduits en autocar puis abandonnés en pleine nature. "Cela peut se faire la nuit, le matin", ce qui est particulièrement dangereux à cause du couvre-feu et de l'état de guerre, a ajouté la responsable de Hamoked, dont l'organisation a établi, depuis le 29 mars, une ligne téléphonique rouge pour recevoir les appels des familles palestiniennes sollicitant de l'aide.

"BOUCLAGES INTÉRIEURS"

"Nous travaillons dans un vacuum. L'opinion publique israélienne ne nous soutient pas" et les médias israéliens ont adopté le point de vue officiel, a déploré Mme Kerstein, selon laquelle la Cour suprême israélienne elle-même, qui fonctionne de manière démocratique lorsqu'il s'agit d'affaires internes, fait actuellement valoir que le pays est en état de guerre et qu'il ne faut pas critiquer l'armée.

La situation sur le plan sanitaire dans les territoires occupés est allée "de mal en pis" depuis le début des "bouclages" israéliens dans les années 1990, a indiqué Noam Lubell. Ces "bouclages", qui interdisent aux Palestiniens d'aller travailler en Israël, se sont doublés depuis 2000 de "bouclages intérieurs" qui ont transformé les territoires palestiniens "en cantons, ou en bantoustans, les zones rurales étant en particulier totalement coupées des villes, c'est-à-dire de tout. (...) Les Palestiniens ne peuvent pas non plus utiliser les routes principales, réservées aux seuls Israéliens", ce qui crée d'énormes difficultés pour les personnes souffrant de problèmes de santé et pour les personnels hospitaliers.

"Depuis deux semaines les choses ont encore empiré. Des centaines de milliers de Palestiniens vivent sous l'état de siège militaire, soumis à couvre-feu, c'est-à-dire ne pouvant même plus sortir de chez eux. Les hôpitaux souffrent de sérieuses pénuries. Les équipes médicales sont épuisées. Les ambulances ne peuvent circuler. Avec un peu de chance, l'armée se borne à les refouler. Avec un peu moins de chance, elles sont retenues pendant des heures, avec les risques que cela comporte pour la personne transportée. Dans le pire des cas, elles sont attaquées, et les exemples ne manquent pas.

PHR/Israël tente d'acheminer des médicaments et du matériel médical pour aider les Palestiniens. Elle s'est adressée à la Cour suprême pour faire valoir qu'Israël a le devoir d'apporter l'assistance médicale aux Palestiniens. La Cour suprême est en train d'en délibérer. Elle a par ailleurs mis sur pied une "clinique mobile", et ses équipes se rendent durant le week-end dans les zones palestiniennes accessibles pour soigner les populations.

Est-il vrai, comme l'affirment les autorités israéliennes, que des explosifs et des armes ont été découverts à bord d'ambulances palestiniennes ? "Cela n'a jamais été prouvé. Dans un seul cas, l'armée israélienne a prétendu avoir découvert" des explosifs, a indiqué Nimrod Amzalak, non sans s'interroger sur les circonstances de cette découverte : "L'ambulance en question, qui se rendait à Jérusalem, a pu passer à deux barrages de l'armée sans être arrêtée, alors que toutes les autres l'étaient. A l'approche de Jérusalem, la presse a été alertée" et, au dernier barrage, l'ambulance a été arrêtée.

"Peut-être y avait-il effectivement des explosifs, mais c'est un cas isolé", a ajouté M. Amzalak. Cela "ne justifie en rien les tirs sur les ambulances". "Admettons, par pure hypothèse, que cela soit vrai", a souligné de son côté M. Lubell. "L'armée peut arrêter les ambulances, les fouiller et les laisser partir. Tirer est illégal et immoral. De toutes les manières, les Israéliens attaquaient les ambulances avant même cet élément de preuve. Ils l'ont fait régulièrement depuis un certain temps."

M. Amzalak accuse les autorités officielles israéliennes de désinformation. Tous trois dénoncent le fait que l'accès à la Cisjordanie soit interdit, ce qui empêche toute vérification des informations et rumeurs. Impossible de connaître le nombre exact de prisonniers, de morts et de blessés. Même le téléphone ne fonctionne que de manière irrégulière et les communications sont interrompues.

Créée en 1989, B'Tselem s'est donné pour mission d'informer sur la situation dans les territoires occupés. Hamoked offre aux Palestiniens une assistance juridique, judiciaire et administrative gratuites. PHR/Israël s'attache à la protection de l'intégrité physique et mentale et à la promotion du droit à la santé et aux soins médicaux.


La convention de Genève

La quatrième convention de Genève du 12 août 1949 s'applique à la protection des populations civiles en temps de guerre. Israël n'a pas signé les protocoles additionnels de 1977.

Article 16

 Les blessés et les malades, ainsi que les infirmes et les femmes enceintes seront l'objet d'une protection et d'un respect particuliers. Pour autant que les exigences militaires le permettront, chaque partie au conflit favorisera les mesures prises pour rechercher les tués ou blessés, venir en aide aux naufragés et autres personnes exposées à un grave danger et les protéger contre le pillage et les mauvais traitements.

Article 21

Les transports de blessés et de malades civils, d'infirmes et de femmes en couches effectués sur terre par convois de véhicules et trains-hôpitaux ou, sur mer, par des navires affectés à ces transports, seront respectés et protégés.

Article 53.

Il est interdit à la puissance occupante de détruire des biens mobiliers, ou immobiliers, appartenant à des personnes privées, à l'Etat ou à des collectivités publiques, à des organisations sociales ou coopératives, sauf dans les cas où ces destructions seraient rendues absolument nécessaires par les opérations militaires.


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