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La guerre invisible des Etats-Unis en Colombie

par Jacobo Quintanilla

RISAL   26, juin 2004
www.globalresearch.ca   28 juin 2004

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Des millions d�Etats-Uniens ont �t� �mus par l�histoire du soldat Lynch, captur�e en mars 2003 par les troupes irakiennes. Apr�s sa lib�ration, quelques jours plus tard, Jessica Lynch retournait chez elle en Virginie, transform�e en h�ro�ne et en symbole de la lutte des Etats-Unis pour la lib�ration du peuple irakien.

Mais aux Etats-Unis, peu de personnes ont entendu parler de Thomas Howes, Marc Gonsalves ou Keith Stansell. Trois Etats-Uniens qui, depuis d�j� seize mois, sont s�questr�s dans les for�ts colombiennes par les rebelles des FARC [Forces arm�es r�volutionnaires de Colombie, ndlr]. L�anonymat relatif de ces trois s�questr�s ne provoque aucune surprise. Ils n��taient pas des membres actifs des Forces arm�es des Etats-Unis, mais des civils sous contrat [contratistas], engag�s par deux auxiliaires de la Northrop Grumman (une entreprise priv�e qui rend des services au D�partement d��tat nord-am�ricain dans la lutte antidrogue en Colombie et en Afghanistan), et dont l�avionnette fut abattue le 13 f�vrier 2003 alors qu�ils survolaient la province de Caquet�, au sud du pays.

� Comparez l�espace impressionnant que les m�dias ont consacr� � l��pisode de Jessica Lynch avec la couverture m�diatique accord�e � ces trois hommes en Colombie, qui sont en captivit� depuis des mois �, affirme Peter Singer, analyste du centre d��tudes Brookings Institution et auteur du livre Corporate Warriors. � Cela montre pourquoi les gouvernements pr�f�rent employer des compagnies priv�es, parce que quand les choses tournent mal, il n�y a pas de responsables d�sign�s �, explique Singer.

Le nombre de civils �tats-uniens qui participent aux programmes anti-drogues en Colombie a doubl� au cours des deux derni�res ann�es. Lorsque le financement du Plan Colombie [1 ] fut approuv� en juillet 2000, le Congr�s des Etats-Unis a fix� une limite au nombre de militaires et de civils �tats-uniens sous contrat qui pourraient "soutenir" le Plan Colombie. Mais en voyant l�� excellent � rendement de ces contratistas, en mai de cette ann�e, Washington a d�cid� d�augmenter les effectifs �tats-uniens de 400 � 500 dans le pays, et de supprimer la limite fix�e � la pr�sence d�employ�s priv�s. Ils y a clairement un saut qualitatif dans l�implication �tats-unienne en Colombie.

Dans le pays andin, il y a plusieurs entreprises priv�es, certaines d�entre elles intimement li�es aux sph�res du pouvoir de Washington, travaillant pour le gouvernement des Etats-Unis (Lockheed Martin, ARINC,

Northrop Grumman, MPRI...). En ce qui concerne le volume d�affaires, c�est DynCorp qui domine. Ses contratistas arrosent des champs de coca, rendent op�rationnels des avions et des h�licopt�res du D�partement d��tat, organisent des programmes de d�veloppement alternatif, r�parent les avionnettes et conseillent le minist�re de la D�fense colombien. Cette mini arm�e nord-am�ricaine fournit en outre des pilotes, des techniciens, et presque tout type de personnel demand� pour mener la guerre en Colombie, y compris du personnel administratif.

La DynCorp Aerospace Technologies, fond�e en 1946 et �tablie � Reston (Virginie), �tait, jusqu�� son rachat par la Computer Sciences Corporation en 2003, une des entreprises contractantes les plus importantes du gouvernement f�d�ral des Etats-Unis. Les contrats �tablis avec plus de 37 agences f�d�rales lui rapportaient 98% de son chiffre d�affaire. En 2001, la compagnie a sign� un contrat de 600 millions de dollars avec le D�partement d��tat pour effectuer des fumigations [�pandage de produits chimiques, ndlr] sur les cultures de coca en Colombie, en Bolivie et au P�rou.

La DynCorp a une longue histoire d�op�rations de par le monde. En Colombie, selon Peter Singer, les hommes de cette entreprise ont m�rit� la r�putation de � m�prisants et pr�ts � combattre �. Peu importe le sens moral de ces � professionnels � dans l�exercice de leurs fonctions, ce qui compte, par contre, ce sont les accusations qu�on a prof�r�es � leur encontre au cours de la guerre dans les Balkans. Plusieurs employ�s de cette compagnie ont �t� impliqu�s dans un scandale de trafic sexuel, de prostitution de mineurs et de trafic ill�gal d�armes en Bosnie.

En Afghanistan, la DynCorp a aussi re�u sa part du g�teau. Pendant la guerre, la CIA a mis partiellement entre les mains d�entreprises priv�es, le vol de ses avions Predator. Mais, une fois le conflit � officiellement � termin�, la DynCorp - veillant � la maintenance de l�avion pr�sidentiel, l�Air Force One -, obtint un contrat pour la protection priv�e du pr�sident afghan, Hamid Krzai, et un autre pour former l�Arm�e afghane, une fois que les B�rets verts abandonneraient le pays. Cette entreprise est �galement all�e jusqu�en M�sopotamie pour faire des affaires : 40 millions de dollars ont �t� offerts � cette entreprise pour former la police en Irak.

L�ampleur de l�utilisation en Colombie d�un personnel civil sous-traitant, au lieu de personnel militaire, signifie que peu d�Etats-Uniens ont conscience du niveau d�implication de leur pays dans cet �tat andin. L�escalade de l�engagement �tats-unien - au point que la Colombie est le troisi�me � b�n�ficiaire � d�aide militaire �tats-unienne, apr�s Isra�l et l�Egypte-, met en lumi�re, tout comme cela s�est pass� dans le secteur �nerg�tique, que de nombreuses entreprises militaires ont des int�r�ts en Colombie et des accords repr�sentant des millions de dollars avec l�administration Bush.

Privatisation de la d�fense

Cette "guerre invisible" men�e par les "Corporations militaires priv�es" et financ�e par le Pentagone, est en train de provoquer un conflit entre les affaires priv�es et les ressources publiques. Aujourd�hui, plus de 48% du budget de la D�fense a �t� distribu� � des entreprises priv�es, ce qui suppose un transfert direct des imp�ts des Etats-uniens � ces corporations.

Plus d�un an apr�s, des parents des trois s�questr�s de Northrop Grumman par les FARC affirment ne pas avoir encore re�u d�explication compl�te sur ce qui s�est pass�. Les familles exigent des n�gociations. Washington refuse de n�gocier avec une gu�rilla faisant partie de sa liste de groupes terroristes, bien que, pour r�soudre la crise des � effectifs �, elle ait offert 340.000 dollars de r�compense et la possibilit� d�un visa pour les Etats-Unis en �change d�information qui m�nerait � la lib�ration des otages.

Les critiques de ces entreprises priv�es disent que, pour les hommes d�Etat am�ricains, les risques politiques entourant un engagement accru de Washington dans le conflit en Colombie, font qu�utiliser des sous-traitants est pr�f�rable que de placer des forces ou des officiels des services de renseignement face � un tel danger. Les contratistas ne sont soumis � aucun code de conduite stricte, Washington n�est pas directement responsable d�eux et ne fait pas de publicit� sur les pertes par d�c�s ou capture.
"Quand ils tuent des personnes sous contrat priv�, nous pouvons simplement d�clarer qu�ils ne font pas partie de nos forces militaires", reconnaissait Mille Frechette, ambassadeur � Bogota sous Bill Clinton.

� L�opinion publique nord-am�ricaine se montre tr�s irrit�e par le nombre de morts �, affirmait le g�n�ral colombien retrait� N�stor Ramirez (...). � Imaginez si 20 militaires am�ricains mouraient ici. Ce serait la fin du Plan Colombie ". Depuis 1998, plus de 20 contratistas priv�s sont morts en Colombie, et ces d�c�s ont �t� � peine rendus publics.


NOTES:

[1 ] Dossier Plan Colombie/ Initiativeandine :

http://risal.collectifs.net/mot.php3 ?id_mot=171

Source : Agencia de Informaci�n Solidaria , 10-06-04.

Traduction : Diane Quittelier, pour RISAL.

 


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