Centre de recherche sur la mondialisation

 

 

Argentine: L’économie en coma dépassé

par Nicals Sur 

RFI   le   18 décembre  2001
Centre de recherche sur la mondialisaiton (CRM), globalresearch.ca le 20 décembre  2001


Après quatre ans de récession, l’économie est totalement asphyxiée, les bailleurs internationaux refusent d’avancer de nouveaux prêts et les mesures adoptées par les autorités exaspèrent la population. Récit d'un naufrage.


Salaires en baisse, chômage en hausse, grèves à répétition, supermarchés attaqués… Après 42 mois de récession, l’Argentine est aujourd’hui au plus mal et les indicateurs économiques n’en finissent plus de virer au noir : la production industrielle s’est effondrée de près de 12% en novembre, un cinquième de la population active se retrouve au chômage et privé d’indemnités, des milliers de personnes passeraient tous les jours sous le seuil de pauvreté. Le pays est au bord de la banqueroute. La dette publique atteint 132 milliards de dollars et ne cesse d’augmenter, gonflée par des taux d’intérêt trop élevés. Son remboursement devient un véritable casse-tête : la semaine dernière, l’Argentine n’a pu honorer qu’in extremis une créance d’un milliard de dollars. Et pour ne rien arranger, le Fonds monétaire international (FMI), qui avait accordé de larges prêts à Buenos Aires au cours de ces dernières années refuse aujourd’hui de nouvelles avances tant que de nouvelles mesures d’austérité n’auront pas été adoptées pour ramener le déficit budgétaire à zéro.

Le gouvernement de Fernando de la Rua a donc pris une série de mesures destinées à alléger les dépenses : le ministre de l’économie Domingo Cavallo a présenté un budget pour 2002 en baisse de 20% grâce à une restructuration de la dette publique. Mais comme la situation ne cesse de se dégrader, les autorités ont dû adopter, en catastrophe, des décisions très impopulaires : le paiement des pensions est suspendu pour les 1,4 millions de retraités et les retraits d’argent en liquide sont limités à 250 pesos (250 dollars) par semaine depuis le début du mois de décembre. Au-delà de cette somme, les Argentins sont tenus de régler par chèque ou carte de crédit, alors que les deux tiers d’entre eux ne possèdent pas de compte en banque. Mais la sécurité du réseau bancaire est à ce prix : fin novembre, les Argentins avaient cédé à la panique et avaient massivement retiré leurs économies des banques, menaçant de provoquer la faillite de tout le système.

Vers une «dollarisation» de l’économie argentine ? Dans ces conditions, que faire ? Beaucoup dénoncent la surévaluation du peso (dont la valeur est égale au dollar depuis le début des années 90) et demandent une dévaluation pour rendre un peu de compétitivité à l’économie argentine (directement concurrencée par le Brésil, qui, lui, n’a pas hésité à dévaluer dès 1999). Mais dévaluer reviendrait à ruiner nombre d’entreprises et de particuliers qui ont majoritairement souscrit des emprunts… en dollars ! D’autres préconisent une dollarisation complète de l’économie argentine, c’est à dire l’adoption pure et simple du billet vert, comme cela a déjà été le cas au Panama et en Equateur. Cette mesure ramènerait la confiance mais elle équivaudrait à confier la politique monétaire de l’Argentine entre les mains des Etats-Unis.

Le gouvernement argentin ne s’est encore prononcé pour aucune de ces deux options. Mais des choix rapides pourraient s’imposer à l’heure où le pays s’enfonce dans la crise et où l’opinion publique l’accuse de céder aux «oukases» du FMI. Lors des élections législatives d’octobre, les électeurs ont massivement désavoué la coalition de centre-gauche au pouvoir et permis le retour en force de l’opposition péroniste au Congrès argentin. Plus inquiétant peut-être, le taux d’abstention a été exceptionnellement élevé alors que le vote est obligatoire.


Copyright  RFI  2001.

 

L'adresse URL de cet article est la suivante :
http://www.globalresearch.ca/articles/SUR110A.html